En allant voir un spectacle sur la résistance, je pensais que j'en avais trop vus et qu'il ressasserait des thèmes abordés tant de fois que je ne pensais pas en tirer de nouvelles émotions.
Le titre de la pièce "Qu'aurions-nous fait à sa place ?" m'a intrigué d'autant qu'il se réfère non pas à une fiction, mais à la réalité d'événements vécus par une femme au destin exceptionnel.
J'avais découvert la pièce à Avrillé le 11 octobre 2024, lors de sa création par la compagnie L'Intemporelle. Tout de suite, j'ai été séduit par le beau texte de Stéphanie Aten tiré de l'ouvrage de Brigitte Exchaquet-Monnier et Éric Monnier, retraçant l'histoire de cette déportée angevine Noëlla Rouget, ayant réclamé et obtenu la grâce de son dénonciateur après avoir été déportée à Ravensbrück.
De passage à Avignon, j'ai tenu à revoir ce spectacle qui est beaucoup plus que cela. Je n'ai pas été déçu, car il a gagné en fluidité, les comédiennes m'ont semblé plus engagées et émouvantes dans cette mise en scène sobre mais très efficace de Philippe Rolland. Il faut saluer les performances d'Anne-Laure Prono et Marie-Christine Garandeau, très investies toutes deux dans leur incarnation de Noëlla Rouget jeune et moins jeune. Elles articulent leur texte et lui restituent sa force avec un grand talent.
La partie vidéo, la musique, décor et costumes, contribuent à enrichir ce récit très bien construit et très émouvant de ce destin qui pose question à chacun. Sans doute aurais-je préféré un titre plus intrusif : "Qu'aurais-tu fait à sa place ?" tant la question du pardon demeure pertinente encore aujourd'hui pour chacun de nous.
Plus qu'un spectacle, une leçon de vie.
Jean-Yves Bras