On a vu au Collège de La Salle la pièce de Stéphanie Aten, visible jusqu'au 25 juillet.
Peut-on revenir des camps de concentration et continuer à vivre? Oui bien sûr, mais vivre comment?
Qu'aurions-nous fait à sa place nous fait revivre les heures sombres de l'occupation et de la déportation de ceux jugés indésirables. Noëlla Rouget, institutrice angevine fut ce ceux-là au camp de Ravensbrück, suite à dénonciation pour faits de résistance à l'occupant allemand. Elle y fera la connaissance de Geneviève de Gaulle et Germaine Tillion.
Le spectacle choisit de faire dialoguer Noëlla à deux âges de sa vie : en pleine guerre et devenue plus âgée. La mise en scène, intelligemment pensée, divise le plateau en quatre parties qui soulignent l'évolution du personnage. Bien entendu, le récit de cette femme est poignant, mais au-delà de cela, c'est la force de caractère et le courage de tous ceux qui ont été déportés qui revivent à travers son récit. L'histoire est réelle et donc profondément humaine. Au nom d'une idée chevillée au cœur et à l'âme, Noëlla prendra une décision surprenante en demandant la grâce de son bourreau. Les deux actrices jouant Noëlla font preuve d'un bel investissement.
Elles incarnent à proprement parler cette héroïne dans une mise en scène pleine de sobriété qui permet de mieux appréhender les tenants et les aboutissants de son parcours. On frissonne toujours à l'écoute de ces récits difficiles mais nécessaires et qui, à l'instar de Noëlla Rouget, nous crient du fond de la mémoire : "Plus jamais ça!"
Jean-Noël Grando